A l’approche du Brexit, le Royaume-Uni fait le plein de marchandises. Cela provoque un flux massif de camions à Calais qui met en colère les transporteurs.
La Fédération Nationale des Transports Routiers du Pas-de-Calais a dénoncé jeudi une « gestion calamiteuse » des flux de poids lourds en direction du Royaume-Uni, dont la forte augmentation génère des embouteillages, les Britanniques constituant des stocks de marchandises avant que le Brexit devienne effectif.
« Le plan de gestion du trafic n’est pas à la hauteur des enjeux et on n’est pas encore au Brexit, cela promet ! C’est déjà catastrophique depuis deux semaines et cela le sera jusqu’à la fin de l’année », a déploré auprès de l’AFP le secrétaire général de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) du Pas-de-Calais, Sébastien Rivéra.
Depuis plusieurs semaines, la préfecture constate régulièrement un engorgement des axes en direction des plateformes transmanches – ports des ferries à Calais et Eurotunnel à Coquelles -, notamment de l’autoroute A16, et tente de les résorber, entre autres par l’activation de zones de stockage des poids lourds.
Des files de poids lourds particulièrement longues s’allongent aux abords de Calais les mercredis et jeudis, jours traditionnels de forte affluence de camions, les chauffeurs cherchant à faire l’aller-retour avant le week-end.
Jeudi à la mi-journée, une journaliste de l’AFP a dénombré quelque 200 camions à l’arrêt sur l’A16 dans l’attente d’accéder à Eurotunnel, tandis que sur l’A26 dans le sens Saint-Omer-Calais, des poids lourds patientaient sur plusieurs kilomètres.
Selon M. Rivéra, les Britanniques « sont en train de remplir leurs stocks comme jamais » par crainte des droits qui risquent d’être imposés à partir du 1er janvier, quand la période de transition du Brexit aura expiré. Des transporteurs qui travaillent avec la Grande-Bretagne depuis une trentaine d’années « n’ont jamais connu de tels volumes », rapporte-t-il.
Il souligne que les chauffeurs sont excédés par les embouteillages mais aussi par les intrusions de migrants qui en profitent pour tenter de monter dans les remorques et accuse les autorités d’avoir insuffisamment anticipé cette situation.
« Nos transporteurs n’en peuvent plus, certains qui ne font que du local se retrouvent avec une activité complètement bloquée », déplore-t-il, jugeant insuffisante la capacité de stockage des camions au port et près du tunnel.
Selon la préfecture, plus de 8.000 camions franchissent aujourd’hui la Manche chaque jour dans chaque sens, contre 6.000 en moyenne habituellement. Un phénomène similaire avait été observé il y a un an lors du Brexit mais « dans des proportions moins impressionnantes », y souligne-t-on.
Le 19 novembre, un jeune migrant a été tué par une voiture sur l’A16 près de l’entrée d’Eurotunnel, où la police était intervenue à plusieurs reprises pour disperser des migrants tentant de monter à bord de camions qui patientaient dans une longue file.
Jeudi, ce sujet a été abordé au cours de la visite dans le Pas-de-Calais du Premier ministre Jean Castex, consacrée à l’avancement des préparatifs de la fin de la période de transition du Brexit.
« La proximité du Brexit incite les passeurs et les migrants à choisir la voie la plus rapide, c’est-à-dire que nous sommes soumis à de véritables invasions qui bloquent le trafic », a regretté auprès de lui Jacques Gounon, président de Getlink, l’exploitant du Tunnel sous la Manche.