Les couleurs d’automne enveloppent le paysage. Vicky scrute depuis sa voiture les lieux où sont censés se trouver les équidés. « Ils doivent être un peu plus loin ». La bétaillère est accrochée à la voiture, prête pour récupérer Tiboy, le cheval qui sera rapatrié dans quelques heures à Saint-Pierre.
La brise du début d’après-midi fait danser les herbes, la météo est clémente, l’horizon est bleu : « une bien belle journée pour aller dans les buttereaux ». Après avoir balayé du regard la zone, elle repère enfin les chevaux du côté d’Ignashi.
« C’est les vacances pour eux, mais aussi pour les propriétaires », explique Vicky De Arburn. C’est comme un grand patûrage, parce qu’un cheval, c’est tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. » Les mettre avec d’autres, cela permet à chacun d’intégrer « certains codes sociaux, qu’ils ne comprendraient pas forcément, s’ils étaient tout le temps gardés en captivité. » En somme :« les vieux » apprennent « la vie aux plus jeunes ».
Vicky arrive au niveau du troupeau. Des chevaux s’avancent, d’autres s’écartent. Tiboy n’oppose pas de résistance. Autour de lui, les compères cherchent à manger, reniflent Vicky, « c’est pas moi l’attraction, c’est la carotte » sourit-elle.
Cette passionnée vérifie si le cheval n’a pas de problème, ni de blessure. « Tout le monde est bien gras, le poil est soyeux, le poil d’automne est bien installé », constate-t-elle.
« Tous ceux qui viennent en général à Miquelon, je les connais ». Consciente que ces animaux peuvent être stressés par le transport, Vicky se donne du temps et en donne beaucoup à celui qu’elle ramène, « le plus longtemps que j’ai eu à faire depuis que j’ai commencé cette activité, c’est 2 heures 45 pour monter dans la bétaillère ». Durant toutes les étapes du rapatriement, Vicky parle, rassure la monture : « ça les met à l’aise et puis moi aussi. On se fait notre petit dialogue ». Ce que les chevaux détestent le plus : être seuls. Et le transport peut s’avérer plus compliqué.
Passionnée, elle fait passer le bien-être du cheval avant tout. Pour les propriétaires, lors du transport, elle réalise des photos, mais aussi des petites vidéos, « pour les rassurer ».
Cette jeune femme dynamique fait aussi du pâturage et envisage de relancer des activités balades sur l’isthme, « mais pour cela, il faut du temps ».
Tiboy sera ramené dans la journée par la bétaillère de Vicky, puis dans la bétaillère de l’Aldona, avant de rejoindre son enclos le lendemain, à Saint-Pierre. Il avait quitté sa maison au mois de mai dernier.