Nos ancêtres se sont mis à fabriquer des outils en pierre, saut cognitif fondamental dans l’avancée humaine, bien plus tôt que prévu, et bien avant l’apparition du premier représentant connu du genre Homo. Des scientifiques ont annoncé mercredi dans un article publié par la revue Nature la découverte d’outils en pierre façonnés il y a 3,3 millions d’années dans des zones désertiques situées près du lac Turkana dans le nord-ouest du Kenya. Parmi ceux-ci figuraient des objets tranchants qui ont pu être utilisés pour prélever de la viande sur les carcasses d’animaux ainsi que des marteaux rudimentaires ayant pu servir à ouvrir des noix. Ces outils, issus de roches volcaniques, sont 700.000 ans plus anciens que les outils en pierre du genre humain connus jusqu’ici et sont antérieurs de 500.000 ans aux restes fossilisés les plus anciens mis au jour du genre Homo. Notre espèce, l’Homo sapiens, est apparue il y a environ 200.000 ans. Les membres les plus anciens du genre Homo vivaient il y a 2,8 millions d’années. Ces outils ont été datés par le géologue Chris Lepre, du Lamont-Doherty Earth Observatory de l’université de Columbia. Ceux qui ont fabriqué ces outils peuvent appartenir à trois espèces possibles, estime Jason Lewis, paléontologue au Turkana Basin Institute de l’université Stony Brook à New York : le Kenyanthropus platyops (3,5 à 3,2 millions d’années), l’Australopithecus afarensis (4,1 à 3 millions d’années), deux espèces d’hominidés ayant à la fois des traits humains et des traits simiesques ou alors à un membre d’une espèce très ancienne de la chaîne Homo non encore découverte. Un crâne du Kenyanthropus platyops a été découvert près du site des fossiles en 1999. Le plus célèbre fossile de l’espèce Australopithecus afarensis est Lucy, découverte en Ethiopie en 1974. « La transition entre l’utilisation exclusive d’outils naturels, comme le font les chimpanzés, et la création intentionnelle d’un outil particulier en pierre, représente une avancée dans la capacité cognitive de nos ancêtres », souligne l’archéologue française Sonia Harmand du Turkana Basin Institute.