Les lunettes rouges, bleues, vertes faisaient partie intégrante du personnage Jean-Pierre Coffe. Alors, à l’invitation d’Elise Lucet et comme pour lui rendre hommage, Philippe Geluck a chaussé, une de ses célèbres montures colorées.
Le deux hommes étaient amis et dès le début de l’interview, le dessinateur du Chat évoque des souvenirs qui remontent à l’été dernier : « Il est venu chez nous en Italie et j’ai eu l’infime privilège de cuisiner pour lui et de lui faire découvrir mes spécialités et … on a joué avec ses lunettes ».
Gelluck est triste comme on peut l’imaginer mais aussi admiratif du parcours chaotique de son ami : « mort à 78 ans en pleine forme, avec toute sa tête, après avoir mangé 17 troupeaux de porcs, bu l’entièreté du Bourgogne, du Beaujolais et du Sancerre et fumé la moitié de l’île de La Havane… il faut quand même le faire. C’est une publicité pour la vie ».
Le dessinateur sait que derrière le pourfendeur intraitable de la malbouffe se cachait un homme d’une grande culture, d’une élégance rare, d’une générosité extraordinaire et qui aimait rire
C’est pour cela que, selon lui, « on parlera de lui pendant les décennies à venir parce qu’il s’est tellement attaché à défendre les beaux métiers que son oeuvre est un monument pour la France ».
Jean-Pierre Coffe, 78 ans, est décédé dans sa maison de Lanneray, en Eure-et-Loir où il vivait depuis plus de 40 ans. Dans sa maison de campagne, il travaillait dans son bureau-bibliothèque à la rédaction de ses ouvrages. Ce gastronome convaincu allait à Châteaudun, à une dizaine de kilomètres, pour y faire son marché, notamment chez son poissonnier préféré.
Dans le petit village « c’était quelqu’un d’assez discret », assure l’autre voisin de Jean-Pierre Coffe, Hugues Lemaire, lui aussi exploitant agricole, mais les anecdotes ne manquent pas au souvenir de l’illustre habitant. « Je suis venue une fois dans son jardin quand il avait invité tout le village. Un jour je lui avais ramené ses chiens qui s’étaient sauvés. Pour me remercier, il m’avait offert des pots de confiture », se souvient ainsi Marie-Claude. « Il venait d’adopter un chat qu’il avait trouvé sur la départementale. Il l’avait appelé, avec humour, D23 ».